FREDERIC GRIMAUD
Passionné par la photographie, Frédéric Grimaud a concilié passion et profession depuis plus de 20 ans.
« J’ai envie de rendre les gens beaux, quels qu’ils soient et quel que soit le contexte. Une même envie, dans les camps de réfugiés après une catastrophe naturelle, devant un chef d’entreprise ou devant un politique dans les rues de France. »
Les gens, aller à leur rencontre, les écouter, et les aider si besoin à travers ses clichés : c’est le moteur de Frédéric Grimaud depuis qu’il a été piqué par le virus de la photographie. « C’était en 1997. J’étais en deuxième année d’IUT Bio. J’étais dans la cité universitaire, dehors avec des copains. J’ai soudain pensé que j’avais assez d’argent pour investir dans un appareil photo. » Lorsqu’il annonce à ses copains qu’il va s’acheter un kit avec deux zooms et vouloir devenir pro « ils ne m’ont pas pris au sérieux ».
Le jeune homme de 22 ans d’alors est aussi sérieux que l’adolescent de 14 lorsque, du jour au lendemain, il s’est mis à la batterie. « Un coup de cœur à une fête de la musique. » Aujourd’hui, il joue dans un groupe de rock, The Devil’s Shoes. Des passions qui lui sont « tombées dessus » mais qui trouvent probablement leurs origines dans les goûts de ses parents. Une mère passionnée de nature et de photo qui après des études de biologie a pris le temps d’élever ses quatre enfants. Un père directeur d’hôpital qui joue de la trompette. C’est aussi lui qui l’a sensibilisé à regarder les humains qui l’entourent. « Quand j’étais petit, mon père me donnait une pièce pour le SDF qui faisait la manche à la sortie de la messe », se rappelle le quadragénaire. Je me souviens qu’un jour où ma mère m’emmenait à l’école, je lui ai dit que je trouvais le monde dur et que j’aimerais bien qu’il y ait la paix partout. »
La non-violence, il la revendique lorsqu’il s’agit de faire son service militaire sous les drapeaux. « Je voulais servir ma patrie mais pas les armes à la main. J’ai opté pour un service civil, dans un bureau santé-environnement de la DDASS (Direction départementale de l’action sanitaire et sociale). » En parallèle, Frédéric Grimaud expérimente la photographie argentique. Il apprend « tout dans les livres », s’intéresse aux paysages, aux textures, « les peintures écaillées, les écorces, les murs », le flou, le mouvement… et s’inscrit dans un photo club et dans une Maison des Arts.
Puis, en juillet 2001, il quitte pour la première fois l’Europe et part au Bénin avec la coopération Evreux/Djougou. Mais la vraie révélation, il la connaît au Népal, en 2007.
« Le pays que je suivrai sur le long terme. » Il y retourne en 2010, puis 2013 et 2015, deux semaines après le séisme. A son retour, il trie les milliers de photos qu’il en rapporte, les retouche, les met en page et lui qui n’a « pas le sens commercial » pour deux sous, démarche les librairies. Car l’objectif est noble : vendre son ouvrage au profit du peuple népalais.
Le Népal, un livre pour aider les gens démunis, en souffrance. Faire des portraits de ces visages qui malgré tout sourient, accueillent. Les femmes, les enfants, les hommes, « surtout les vieilles femmes burinées. » Fixer le temps à travers ses images, comme lorsqu’il explore les friches urbaines. Des aventures qui, comme les voyages, ne sont pas sans lui inspirer des craintes car « je me rends compte que j’ai besoin de sécurité ». Alors, à chaque fois qu’il part à l’étranger ou s’enfonce dans un site industriel désaffecté, il doit « se préparer », surmonter ses peurs qui frisent parfois l’irrationnel. « Dans les friches, il se passe des choses bizarres, explique-t-il. Je me souviens, dans un grenier, d’un caillou qui tombe du toit sur ma gauche, à quelques mètres de moi. Je tourne la tête et je vois un béret, posé verticalement sur une poutre, qui oscille, longtemps, nettement, régulièrement. Ou encore ce son dans un bâtiment au Neubourg. Je me suis retenu de fuir mais l’atmosphère était pesante. Je n’étais pas le bienvenue. Je n’aimerais pas être envoûté. On ne joue pas avec les esprits. »
Pourtant, le sien joue, artistiquement, lorsqu’il crée des tableaux picturaux ou composés de matériaux de récupération avec sa fille de 9 ans, Eline. Créatif aussi lorsque pour animer ses expositions de photos, il conjugue montage vidéo, bruitages, interviews et musiques dans des POM (Petites Œuvres Multimédia). C’est ce que découvriront en janvier les visiteurs de l’exposition commune avec la peintre Estelle Maëla sur le « Minéral des Falaises » (vernissage le samedi 26 janvier 2019 à la Cave d’Arts à Gravigny) et en mai et juin les visiteurs de l’exposition sur les anciennes usines de Navarre. Des clichés, bien sûr, mais aussi des témoignages d’anciens salariés. « Du simple, du vrai, de l’authentique, insiste Frédéric Grimaud. Je n’aime pas les extrêmes, l’extravagance. Je me sens concerné par le quotidien et ce que je fais pour les autres. »
Aujourd’hui, il réalise des prises de vues aériennes par drone en tant que professionnel.
Il crée tout type d’images vidéos et photograhiques : tourisme, évènementiel, entreprise / industrie et BTP, patrimoine, immobilier, mariage, anniversaires, projets artistiques…
Texte de Frédérique Thullier (Paris Normandie)